I look at you and see a friend now. (r.)

Citation :

I talk to you as to a friend,
I hope that's what you've come to be.
It feels as though we've made amends,
Like we found a way eventually.

Une journée venait de se terminer, tandis que je regardais la cuisine qui se vidait peu à peu, quelques cuisiniers me jetaient des regards avec un sourire bienveillant, avant que mon chef ne s’approche de moi. « Ne tardes pas trop Maureen, tu sais que tu ne peux pas rester éternellement dans la cuisine. » En vérité, il voulait surtout dire que la cuisine allait fermer ses portes, et qu’il valait mieux pour moi que je m’en aille, si je ne voulais pas dormir ici. Je passais la plupart de mon temps en cuisine, pour le travail mais également par passion, j’étais incapable de m’imaginer faire quelque chose d’autre, la cuisine comblait le vide qui existait en moi. Ce lieu était le seul endroit où j’étais véritablement en paix avec moi, où je ne ressentais plus le besoin de me justifier, de penser. Quand je passais les portes de cette cuisine, tous mes problèmes restaient derrière moi. Cela m’évitait de penser à Micah, et à la façon dont je commençais à m’éloigner de lui par peur de souffrir, de réellement m’attacher, de rendre notre couple si réel. Je me demandais parfois ce qu’était devenue ma famille, même si je n’avais plus de nouvelles depuis bien des années maintenant. La solitude était devenue mon quotidien, et j’avais toujours la fâcheuse manie de repousser les gens qui se souciait de ma personne. J’étais persuadée que la cuisine, elle, n’allait jamais m’abandonner, c’était mon lieu de paix, l’endroit où je me cachais quand les choses partaient en vrille. Je revenais vite sur terre, alors que la porte de la cuisine se claquait. Je regardais autour de moi, la cuisine semblait vide, je poussais un soupir, prête à partir moi aussi, quand une main se posait alors sur mon épaule, me créant un petit sursaut de surprise. Je me retournais pour tomber nez à nez avec Marley. « Oh, c’est toi. » Je souriais, heureuse de l’avoir en face de moi. On travaillait ensemble, mais il était rare que nous ayons le temps de s’échanger quelques mots pendant nos services. Marley ne m’était pas totalement inconnu, puisqu’il était mon premier amour, et également l’ami que j’avais eu avant mon départ d’Irlande. Nos routes s’étaient recroisées il y a deux ans de cela, quand Marley était arrivé au Ritz-Carlton. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Une question banale, et je me doutais qu’il allait probablement me poser la même question. Il me connaissait suffisamment pour savoir que je dirais que ce que j’ai envie de dire, il était le rare ici à supporter mon mauvais caractère, même si notre relation était parfois des plus étranges. Notre passé affectif faisait qu’on ne savait jamais sur quel pied danser avec l’autre, certaines situations pouvaient être ambigus, puis dans d’autres cas, on s’éloignait l’un de l’autre, et d’autres moments, on était comme les meilleurs amis du monde.